La guerre des « pépères »

En cette semaine de commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918, des élèves de 3e du collège Antoine Watteau de Valenciennes sont partis sur les traces des oubliés de la Grande Guerre: les « territoriaux » du fort de Leveau, à Feignies. En 1914, l’armée territoriale est constituée des classes 1893 à 1899, c’est-à-dire des hommes entre trente-cinq et quarante et un ans. Pour les soldats de l’armée active, les territoriaux sont des « pépères » dont ils se moquent affectueusement en les surnommant « les terribles taureaux ». Ce sont ces civils hâtivement transformés en « vieux soldats », venant des quatre coins de la région, qui, en 1914, sont affectés à la défense de la place forte de Maubeuge et de sa ceinture de forts. Située à une dizaine de kilomètres de la frontière belge, cette place forte contrôle la vallée de la Sambre et ses voies de communication. En août 1914, à la suite de la retraite des armées françaises et anglaises, Maubeuge se retrouve isolée face aux Ire et IIe armées allemandes qui déferlent sur la France après avoir violé la neutralité de la Belgique. Le 7 septembre 1914, la canonnade vise directement le fort de Leveau qui reçoit des obus de 305 et de 420. Les territoriaux vont sentir « le vent du boulet » pendant de très longues minutes. À douze heures trente, la voûte centrale du fort de Leveau s’écroule, ensevelissant une centaine d’hommes. La capitulation est signée le 7 septembre au soir à la ferme de Vent-de-Bise, quelque part entre Grand-Reng et Jeumont. Les défenseurs de Maubeuge ont retenu environ 60 000 assiégeants pendant onze jours et ces troupes ont vraisemblablement manqué aux Allemands lors de la bataille de la Marne. Pour les 45 000 soldats de Maubeuge, il n’y aura pas de bataille de Verdun, mais quatre longues années de captivité en Allemagne. C’est cette histoire peu connue que les guides du fort ont fait découvrir à des élèves particulièrement attentifs.